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Luna Rabarot se souvient avec effroi de l’absence de son mari pendant son parcours de soins. Souffrant déjà de rectocolite hémorragique, cette habitante de Saint-Quentin-sur-Isère (Isère), 28 ans aujourd’hui, apprend être atteinte d’un cancer du sein de stade 2, en juillet 2022. A l’annonce de la maladie, son mari marque ses distances, ne l’accompagne pas aux rendez-vous médicaux, s’absente régulièrement du domicile et questionne peu son épouse sur son état de santé. Indulgente, elle pense d’abord qu’il a besoin de temps. « Je me disais qu’il se protégeait, qu’il avait tout simplement peur. Je ne me rendais pas compte qu’un aidant devait être là dans tout le processus. Il s’est détaché petit à petit », raconte-t-elle.
En janvier 2023, entre deux chimiothérapies, son mari annonce ne pas supporter de la voir malade et la quitte pour une nouvelle compagne rencontrée au travail. Pour Luna Rabarot, c’est un véritable cataclysme : « Je me battais pour lui et notre fils. Avant de tomber malade, on avait prévu d’avoir un autre enfant. J’étais tellement vulnérable, je le suppliais de ne pas me laisser. » Elle poursuit : « Ma vie n’avait plus de sens, je n’avais plus de piliers, plus que le cancer. Cette rupture est l’expérience la plus traumatisante de ma vie. »
Cette défection lui inspire également un profond sentiment d’injustice. Le couple était propriétaire d’une maison et la jeune femme s’est retrouvée à assumer seule les charges du bien en attendant que le divorce soit prononcé plus d’un an après. « J’étais en arrêt maladie et je n’avais pas mon salaire plein. C’était dur financièrement, confie-t-elle. J’avais tout perdu, ma santé, ma famille et bientôt la maison, pendant que lui vivait sa meilleure vie avec sa nouvelle compagne dans un autre appartement. »
La situation de Luna Rabarot n’est pas rare. Une étude publiée par la revue Cancer, en novembre 2009, montre que, face au diagnostic d’un cancer, une femme a six fois plus de risques de connaître une rupture qu’un homme dans la même situation. Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont suivi pendant deux ans, aux Etats-Unis, plusieurs couples dont l’un des membres venait d’être diagnostiqué. A l’issue de cette observation, ils ont constaté que le taux de séparation s’élevait à 20,8 % lorsque la femme était malade, contre 2,9 % lorsque le patient était l’homme. Une autre étude américaine, publiée en 2015 dans le Journal of Health and Social Behavior, conclut à des résultats similaires. Pour autant, comme le signale Léonor Fasse, psychologue clinicienne à l’hôpital Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), il faut être prudent : « Si le nombre de séparations est bien plus important lorsque la femme est malade, on ne sait pas toujours qui est à l’initiative de ces ruptures. » On ne peut donc pas en conclure que les femmes malades sont davantage quittées par leur conjoint que l’inverse.
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